B27 (pré-création)
Fedor vient d’un pays que vous ne pouvez pas situer sur une carte D’un monde dont vous ne connaissez rien. D’un pays où les tensions sont tellement présentes que les pères et les mères sont violents, que l’amour sent la poudre, que l’enfance pue l’autorité et les traditions. Fedor excelle pourtant : il danse, il chante, il joue la comédie. Il aime aussi les garçons. Il fuit toutes ces pressions : Moscou, Paris, Bruxelles. Un visa qui expire, et le voilà sans papiers, sans identité. Le hasard lui sourit : il travaille avec un chorégraphe, joue quelques petits rôles dans quelques films. Mais soudain, toutes ces errances accumulées ont trouvé un destin : B27 Vous n’en aviez jamais entendu parlé. C’est une maladie… Une saloperie qui lui dévaste le corps, l’empêche de bouger. Gueule en lui. Lui, le danseur céleste, l’errant insatiable, l’acteur aux mille vers, le voilà immobile. Son corps dit: cesse de gesticuler, reste ici. Fedor est belge maintenant. Il se débrouille entre les boulots d’intégration, les stages de langue, les nettoyages, le CPAS. Le chômage lui propose d’être clini-clown ou animateur dans une mason de retraite. Adina, vient de là aussi. Elle vet parler de cette immobilité. Elle lui demande : Tu veux te marier avec moi, Fedor?
Un homme si simple
UN HOMME SI SIMPLE – Un homme si simple est un roman issu du séjour effectué par Baillon en 1923 dans le service psychiatrique de la Salpêtrière. Il est composé de cinq confessions, celle d’un patient interné, Jean Martin, qui monologue, apostrophant tantôt un médecin, tantôt un lecteur imaginaire, revenant sur son passé pour expliquer sa situation présente. Il décrit le parcours d’un écrivain désespérément en quête de « simplicité », incapable de faire face au quotidien, déchiré entre deux femmes, Jeanne et Claire, et surtout dangereusement attiré par la fille de cette dernière, Michette. Ses angoisses, ses obsessions, sa hantise du bruit surtout, le conduisent droit à l’hôpital psychiatrique, où il espère enfin parvenir à écrire.
QUE LA FOLIE SOIT QUOTIDIENNE – La folie n’est rien de plus qu’un petit pois qui roule hors de l’assiette et qu’on s’obstine à retrouver. Lui a connu les souffrances qui en découlent, mais il tâche de rester simple et modeste. Il sert sa cause d’une plume alerte et ne bouscule les codes de la littérature que pour rester au plus près de ce qui lui paraît juste.
Maudit, belge, fou, simulateur… tout ce que vous voudrez. Mais plus simplement, a-t-on déjà vu écrivain plus incisif, plus finement vif et drôle ? Allez, Baillon n’est pas Artaud, n’est pas Céline, mais c’est un écrivain puissant, original – et bien meilleur compagnon ! (Bernadette Cornut)
Femme non-rééducable (2)
« Les ennemis de l’état se divisent en deux catégories : ceux qu’on peut ramener à la raison et les incorrigibles. Avec ces derniers, il n’est pas possible de dialoguer, ce qui les rend non rééducables… Vladislav Sourkov, circulaire interne, bureau de la Présidence russe, 2005 » Anna Politkovskaïa compose une radiographie de l’être humain, une radiographie de la Russie poutinienne, ivre d’elle-même, malade de ses démons, de son autoritarisme à tout va, de son nationalisme sans borne. Elle en a payé le prix fort : la mort. Un spectacle vital car il interroge notre espace de parole, c’est-à-dire notre espace de contestation.
Pourquoi Jessica…
« Cela ne sera pas tout à fait une pièce de théâtre, ni tout à fait une conférence, cela ne sera pas un concert non plus, mais la Compagnie MAPS vous fera découvrir le lien évident entre la musique de Bach, les zombies, le café arabica, l’aviation, les jeux vidéos, les catapultes, les chiens et le climat du Nouveau Mexique. Surtout, nous tenterons de répondre ensemble à cette question essentielle: pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ? »
En s’emparant avec dérision d’outils numériques variés (jeux vidéos, projections, musique digitale, etc.), en passant d’une ‘conférence gesticulée’ au récit tragique de Brandon, l’ambition de Pierre Solot et d’Emmanuel De Candido est de reconstruire en direct un puzzle dont chaque pièce aborderait, l’air de rien, les notions complexes d’une société hyperconnectée: réalité, virtualité, fiction, vérité, guerre propre, « digital natives », pouvoir fascinant des médias…
Eurea
Auteur d’origine congolaise et lauréat de nombreux prix littéraires, In-Koli Jean Bofane connaît une renommée internationale depuis la parution de son roman Mathématiques congolaises en 2008. Œuvre de théâtre inédite, dont BOZAR présente pour la première fois une lecture intégrale dans le cadre de l’Afropolitan Festival, Eurea met en scène le regard que l’auteur porte sur l’Europe contemporaine et son histoire. Le dramaturge choisit de personnifier le continent et de l’entourer de quelques personnages emblématiques. La reine Eurea se retrouve donc barricadée dans un lieu-forteresse en compagnie de Drosso Masuka, son garde-du-corps, Désirius, le chef des ogres, Nusrat sa sœur et Herr Doktor Jung. Alors qu’au dehors gronde une révolte qu’elle veut à tout prix ignorer, Eurea semble totalement perdue…
Sweet home
C’est le jour où on fait ses valises et où on décide d’aller voir derrière la montagne. Le jour où choisit de changer de vie pour le meilleur et parfois pour le pire. C’est le jour où on fuit, le jour où on part. Le moment où on respire et où on se laisse aller à l’espoir. Partir ! Il nous faut partir. Mais pour aller où ? Le collectif bruxellois Arbatache se penche sur la question du départ, des départs, ou encore du désir d’infini de l’Homme et de sa volonté de repousser toujours plus loin les limites du connaissable. Parfois même en envisageant de quitter sa propre maison, son propre berceau, la planète terre. « LA TERRE EST LE BERCEAU DE L’HUMANITÉ, MAIS ON NE PASSE PAS SA VIE DANS UN BERCEAU. »
Constantin Tsiolkovski
L’avenir dure longtemps
Ce qui aurait pu être un fait divers au temps court se révèle une tragédie contemporaine… Le 16 novembre 1980, Louis Althusser, célèbre philosophe marxiste, communiste convaincu, professeur à l’École normale supérieure de Paris, étrangle sa femme, Hélène. Louis Althusser est reconnu « non responsable » de son acte, selon l’article 64 qui permet aux criminels atteint de démence de « profiter » de soins psychiatriques, plutôt que de suivre le circuit judiciaire et pénitentiaire habituel. En 1985, Louis Althusser écrit une autobiographie qui sera publiée après sa mort. Son besoin est vital : écrire cet avenir-là, c’est avant tout tenter de redevenir responsable de sa vie. Retrouver une identité. Être à nouveau un sujet devant le tribunal de ses lecteurs. Pourtant l’interrogation reste totale : pourquoi a-t-il tué Hélène ? Meilleur seul en scène aux prix de la critique 2016 Au théâtre des doms pour le off du festival d’Avignon 2017 With Angelo Bison – Certaines photos de : Rudy Lamboray
C’est quand la délivrance ?
Des hommes et des femmes comme vous et nous. Dans ce spectacle, tout un petit monde se croise, se confronte, s’essaie au « vivre ensemble » au milieu de rencontres amoureuses, d’entretiens d’aides à l’emploi, de décisions de couples… la vie quotidienne en quelque sorte ! Quotidienne, vraiment ? Le chômage, la peur de tomber dedans. La honte, et puis l’angoisse de ne pas trouver de boulot… est-ce vraiment ainsi que les femmes et les hommes vivent ? Entre le désir de travailler, de participer à la construction sociale, de vivre, de donner la vie… quand le souci de trouver du travail et son impact envahissent nos mondes, reste une question: c’est quand la délivrance ?
Pas de constat larmoyant ici, plutôt un appel à la dignité, un besoin de raconter pour pouvoir réagir. Un texte d’un jeune metteur en scène et auteur qui donne à voir le point de vue critique d’une génération sur ses propres conditions d’existence. Des mots incarnés par une troupe de jeunes acteurs très concernés, forcément. Une énergie, un appel, une parole à entendre et à partager, une rencontre et un débat à ne pas manquer après spectacle, pour ouvrir les horizons !
Du béton dans les plumes
Quelque part en Belgique, dans une région où les terrils sont des montagnes, un fils né en 1990 hérite de la maison familiale. La maison est en ruine et au milieu de la cuisine en travaux, les souvenirs ressurgissent. Il doit choisir, chef de chantier d’un jour il hésite. Que veut-il à son tour laisser à ses enfants ? Je suis un auteur. Et je suis jeune. On pourrait dire que je suis un jeune auteur mais cela deviendrait alors une affaire d’étiquette et je n’ai jamais été friand des étiquettes. Je m’intéresse particulièrement à la tragédie. J’aime l’écriture quand elle ne tente pas d’être cynique par peur de l’émotion et quand elle n’use pas du ridicule par peur de la gravité. Ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas le cynisme … ou le ridicule. J’aime que la scène soit un lieu où l’on peut tout convoquer. J’ai décidé qu’il fallait parler de ma faim, la décortiquer pour comprendre d’où elle naissait. Parler de ma génération, de nous. Je dis NOUS pour ma génération et JE pour la vision que j’en ai. Avec la liberté d’une agréable et pleine subjectivité. Je veux parler d’un fils des années 90, comme moi. Et travailler avec des collaborateurs qui ont cet âge, comme nous. En parler dans la ville où j’ai grandi et où nous avons étudié. Je ne dirais pas que c’est un retour aux sources, je ne suis jamais parti. Mais c’est une manière de comprendre ce qui nous a forgés, nous qui allons être en âge de prendre le rôle de nos parents. Sur le plateau, quatre acteurs, quatre garnements aux mines rieuses vous entraînent à travers une histoire de famille, de génération, de mémoire. De rebond en rebond, d’un personnage à un autre, ils prennent en charge le récit qui par bien des côtés nous rappelle l’histoire d’Icare, entre les cigarillos et les sandwichs mous, le porto et les oiseaux sans tête. Axel CORNI
Il ne faut jurer de rien
Valentin aime l’alcool et les femmes. Son oncle voudrait qu’il se marie avec Cécile de Mantes, jeune aristocrate. Mais, coureur de jupons, il doute des femmes pour avoir si souvent usé de leurs faveurs… Pour lui, se marier c’est prendre le risque d’être trompé. Il se refuse donc au mariage au grand désespoir de son oncle, le négociant Van Buck, qui paie ses dettes. L’oncle menace son neveu de le déshériter s’il refuse d’épouser la jeune Cécile. Pour lui prouver sa vérité, Valentin parie alors avec lui qu’il réussira à séduire la belle en huit jours – ce qui lui permettra de refuser qu’une jeune fille aussi facilement conquise puisse devenir sa femme ! « À quoi rêvent les jeunes filles ? », « Au pouvoir ! » Musset était romantique, il ne l’est plus. Musset croyait en l’amour, il se découvre trompé. Musset était confiant, il n’est plus que doutes. C’en est fini des passions brûlantes : c’est de guet-apens dont il s’agit à présent ! De batailles serrées avec pour armes, celles de la stratégie amoureuse moderne et pour pivots, un oncle hollandais contorsionniste et une future belle-mère aristocrate catcheuse. Courses poursuites, arrivées tumultueuses, brusques sorties, départs accélérés et chasses à l’homme. Avec une distribution au cordeau emmenée par Olivier Massart, ce Musset-là, c’est le mal d’être et le plaisir de vivre.